
Le titre : Whip It on / Chain Gang Of Love
L’artiste : The Raveonettes
Le format : 33T/30 cm
La date de sortie : 2022
Le genre : Grondement électrique
C’est qui ?: Des Danois
Qui joue dessus ?: Sune Rose Wagner et Sharin Foo
Comment ca sonne ? : Comme un grille pain qui déconne
Qualité du pressage :
Excellente.
Crunchy Frog / Sony Music – Réedition EU de 2022.
Ce qu’on en pense :
Certains musiciens sont obsédés par le son de guitare. Guitare électrique, bien sur. Jusqu’à l’obsession. Le genre d’addiction positive qui fait le sel d’une certaine forme de musique, plutôt rangée au rayon rock’n’roll. Pas vraiment de la musique d’ailleurs, plutôt l’expression d’une sensation tétanisante, celle que seule la guitare électrique procure. Et c’est surement le genre d’obsession que se cogne Sune Rose Wagner, moitié du groupe The Raveonettes (avec Sharin Foo) qui semble être né une Jazzmaster à la main.
Un son de guitare électrique, à l’écoute, ça paraît simple. Et pourtant, n’importe quel gamin a essayé, dans son garage avec ses potes, pour immédiatement comprendre qu’en fait…pas du tout. C’est carrément du boulot. Un boulot pour lequel The Raveonettes « touchent leurs billes » comme on dit à Ennezat, et ce dès leur première publication, le EP « Whip it on », paru en 2002.
Introuvable en vinyle depuis des lustres (un pressage original danois de 2002, bon courage…), Sony Music à réédité en 2022, en un seul disque, les deux premières publications du groupe. En face A « Whip it on », en face B leur premier album « Chain gang of love ». Impec, on peut donc désormais écouter leur premier disque sans se lever pour changer de face (gros fainéant qu’on est), une bière dans la main droite, une Craven dans la main gauche, et le volume à fond dans les deux oreilles. Car, au risque de passer pour un troud’balle, il est manifeste que ce genre de disque, s’appréciant à plein volume, rempli de reverb et de glorieuse saturation, supporte bien mieux l’écoute en vinyle.
22 minutes de guitare électrique tétanisante. Un son sec, sans « sustain », comme une gifle à chaque mesure. Un disque qui transpire l’amour de l’électricité et l’expression de sa maîtrise (meilleurs exemples : « Do you believe her » et « Chains », à vous griller le cerveau). Une des meilleures expressions de ce que permettent six cordes électrifiées et chauffées à blanc, ou bien, pour le dire autrement : comment faire de la musique avec le bruit du tonnerre (orage et éclairs compris).
The Raveonettes est une sorte d’hommage aux girls group de Phil Spector, pour la composition (tout comme The Jesus and Mary Chain, dont le groupe danois ne cesse d’invoquer le fantôme), mais aussi pour une certaine forme de « mur de son », terme habituellement employé pour qualifier la musique du nabot toxique producteur des Ronnettes. En effet, il s’agit bien ici d’un mur, dans le sens ou la musique n’a pas de relief, fonctionnant un peu comme un « All-Over » en peinture (bon, on à bien conscience qu’on vient de perdre tout crédibilité en disant un truc comme ça, mais on s’en fout, c’est juste pour se la péter). Pas d’instrument en avant l’un par rapport à l’autre, un ensemble tout lisse comme un bon vieux voile béton, 20 cm d’épais, sans aspérité, pour mieux se fracasser la tête. A la fin, c’est le mur qui gagne.
Dernier morceau du disque : « Beat City », au son de guitare mortel (une fois encore), façon tronçonneuse létale à découper les hippies, et où Sune Rose Wagner répète en boucle au milieu du déluge électrique : « wanna die in beat city ». Au moins, c’est clair.
PS :
Chose étrange : lorsque, pour comparer le son, on a écouté ce disque sur Itunes Music (un peu fort, certes), le logiciel nous a proposé, après quatre morceaux, de… baisser le son! Nous prions donc Apple de bien vouloir aller se faire foutre.