PATHOS

Le titre : To Know Him, Is To Love Him

L’artiste : The Teddy Bears

Le format : 45T/17,5 cm

La date de sortie : 1958

Le genre :  Bluette toxique

C’est qui ?:  Le groupe de Phil Spector, quand il était gamin

Qui joue dessus ?: Annette Kleinbard, Phil Spector, Harvey Goldstein, Marshall Leib

Comment ca sonne ? : Comme un dimanche matin

Qualité du pressage :

D’époque…

London Records – Pressage Original UK.

Ce qu’on en pense :

On peut dire ce qu’on veut, mais la musique pop c’est avant tout des singles. Le 45 tours 7 pouces, arme absolue de diffusion à grande échelle, taillé sur mesure pour le porte-monnaie des adolescent(e)s du monde occidental de la deuxième moitié du  XXème siècle. L’équivalent des « 45 minutes d’attention quotidienne de la ménagère de moins de 50 ans », version teenage 60’s. 3 minutes pour tout dire, sinon c’est les oubliettes. Un genre qu’a magnifié Phil Spector jusqu’au firmament, maître absolu de la ritournelle adolescente pour pickup au début des années 60, avant que les Beatles et les Stones viennent lui faire bouffer ses talonnettes.

On a tout dit sur le nabot infâme, son « mur de son » resplendissant de reverb, ses moumoutes ridicules, ses coups de feu en plein studio, sans parler de son comportement criminel terminal. Au final, tout ce bazar de « nabab de la pop » a naturellement éclipsé le fait indéniable que le petit Harvey Philip Spector savait écrire des chansons.

Quand il était petit donc – jeune on veut dire, il a toujours été petit, ce qui l’a visiblement fortement perturbé, à tort – Phil Spector avait monté un groupe vocal, comme on disait à l’époque (ou un groupe de doo-wop, si vous voulez) : The Teddy Bears. Qui publia en 1958 ce single : 2 minutes 22 secondes d’apesanteur, écrit par Spector. Des ours en peluches mignons tout plein, entonnant une mélodie lumineuse et un pont à frémir. Sauf que sous le vernis, la toxicité du Winston Churchill de la pop était déjà là : la ligne du refrain qui donne son titre au morceau, « To know him, is to love him » est en fait l’épitaphe gravée sur la tombe de son père, suicidé sans laisser de lettre, alors que Philou était tout minot….De quoi engendrer un trauma biblique.

C’est ce qui pourrait faire de Spector une sorte de dilemme pop équivalent à celui de Céline en littérature (pour les Français en tout cas, qui sont du genre à avoir ce genre d’angoisses existentielles vis a vis de leur patrimoine culturel). Comment est-ce possible de produire « Da Doo Ron Ron », « Spanish Harlem » ou « Be My Baby » en étant un parfait salaud ? On parle quand même d’un type capable de séquestrer sa femme (Ronnie Spector), de lui « offrir » des enfants pour noël, de pointer un flingue sous le nez de Leonard Cohen, et puis plus tard d’assassiner Lara Clarkson dans son manoir, tout en expliquant à la presse que, de toute façon, c’était une connasse et que si on voulait bien arrêter de l’emmerder avec ça, etc….

En fait, même si cela laisse une tache désagréable, cela révèle que cette musique est, dans le sens premier du terme, un produit. Qui se consomme en tant que tel, en dehors de toute contingence. Et qui dans le cas d’un single pop, comme par exemple « He’s a Rebel », pris au hasard parmi d’autres merveilles, emmène tout sur son passage. Qu’on le veuille ou non, l’éclat l’emporte sur le reste, aussi infâme soit-il.

Si ça se trouve, Mikhaïl Kalachnikov était un mec super sympa.

NARCOTIQUES ANONYMES

Le titre : The Future Is Your Past

L’artiste : The Brian Jonestown Massacre

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 2023

Le genre :  C20/H25/N3O

C’est qui ?:  Des mecs qui connaissent par cœur le schéma électrique d’un AC30

Qui joue dessus ?: Anton Newcombe, Hakon Adalsteinsson, Uri Rennert.

Comment ca sonne ? : Comme un avion traversant le triangle des Bermudes

Qualité du pressage :

Bonne.

A Recording Ltd – Pressage Original UK.

Ce qu’on en pense :

Cette fois, c’est sûr, Anton Newcombe a arrêté les drogues dures. Après avoir passé plusieurs années à sortir des disques pas franchement mauvais, mais pas franchement bons non plus, The Brian Jonestown Massacre publie son deuxième bon disque d’affilée. Une première dans leur discographie, pourtant fournie.

5 morceaux par face, rien au dessus de 4 minutes, deux simili-tube (The Light Is About To Change et Your Mind Is My Cafe), et en point de mire l’habituel horizon sonore lysergique et vibrant qu’affectionne Newcombe. Il y a bien un morceau pas terrible à la fin de la première face, mais pour le reste on est heureux de retrouver le groupe creusant son sillon habituel, hérité des groupes de la tendance dite « psychédélique » (en gros, des américains des années 60 défoncés aux psychotropes, parlant de lapins blancs et capables d’écouter en entier un album de Grateful Dead). Une forme de musique rock complètement blanche, dans  le sens ou le blues en est complètement absent. Incapable d’invoquer une sensation quelconque, autant s’en procurer en gobant des champis et passer des jours sur un son de guitare. Un parti pris risqué et qui supporte moyennement la médiocrité. Ce qui différencie ce groupe de la plupart des autres formations dites « psyché » – rien que de l’écrire on trouve ça débile…- puisqu’il est capable, quand il le veut bien, de sortir des chansons pop avec tous le matos nécessaire : riff, mélodie, son et en prime un vrai talent pour les titres des morceaux.

Ecouter The Brian Jonestown Massacre permet en fait, de façon détournée, d’éprouver l’influence des Beatles sur l’ensemble de la production musicale. Au risque de paraître un peu salaud, on même peut considérer que l’ensemble de la carrière du groupe est un hommage au « Tommorrow Never Knows » du groupe de Liverpool. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que Newcombe se fringue comme Harrison lors du séjour des Beatles en Inde auprès du Maharashi : tunique blanche, breloques, colifichets et regard perdu vers le Népal.

C’est pourquoi les esprits chagrins vous diront : « Ben ouais, c’est comme les Byrds, The 13TH Floor Elevators ou les groupes psychédéliques des années 60, ça va bien, passons à autre chose et gnagnagna….». Ces gens là ignorent qu’il est bon d’aimer ses maîtres et que l’ensemble de la musique populaire relève de cette construction.

Au  bout du compte, on est heureux que, soixante ans plus tard, ce style de musique perdure (même rarement) car au moins elle a un gout, une saveur et une tenue qui confine à la droiture. Celle toute simple de vouloir se perdre dans le son, jusqu’à l’étourdissement, guitares carillonantes en avant.

PS :

La pochette de l’édition vinyle est laissée blanche, à l’exception d’un dessin au trait représentant un lance missile. Fournie avec le disque, une petite boite de crayon de couleur, estampillée du logo du groupe (la classe). Libre à vous de colorier la pochette de votre album comme bon vous semble, des fois que vous auriez que ça à foutre… Si on avait son adresse, on renverrais volontiers le tout à Newcombe afin qu’il termine le boulot.

ULTRA VIOLENCE

Le titre : Here’s The Sonics

L’artiste : The Sonics

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 1965

Le genre : Sauvagerie adolescente

C’est qui ?: Des gamins de Seattle

Qui joue dessus ?: Gerry Roslie, Larry Parypa, Andy Parypa, Bob Bennett, Rob Lind

Comment ca sonne ? : Comme un cirque qui percuterait un mur.

Qualité du pressage :

Bonne.

Norton Records – Pressage US – Réédition (en Mono) de 1998.

Ce qu’on en pense :

« L’habit ne fait pas le moine », une expression convenue, que tout le monde connaît, mais dont personne ne peut pourtant se défaire. Pour comprendre que « l’habit ne fait pas le moine », il faut réfléchir deux minutes et malheureusement, il semblerait que réfléchir deux minutes, c’est déjà beaucoup. Si c’était le cas, la machine marchande ne produirait pas de spot de pub pour un parfum au nom ridicule où l’on verrait ce baltringue de Johnny Depp, dans son costume de « rock’n’roller », faire péter dans le désert les accords de «Wild Thing » devant un mur d’ampli, accompagné d’une meute de loup…On croit rêver.

The Sonics, c’est tout le contraire. A en juger par la pochette, on dirait les mecs du club de lecture du lycée, tendance Tolkien, parfaitement inoffensifs et mignons tout plein (deux d’entre eux portent même des gilets, c’est dire). Sauf que quand on pose le disque sur la platine, laissez tomber… Peut aller se faire foutre l’autre mickey d’Hollywood avec sa Gibson customisé de bourgeois, ses contrats avec Dior et son maquillage au khôl pour singer Keith Richards. Le vrai truc c’est eux, même sapés comme des diacres et pris en photo dans le CDI.

Car en effet, même si on porte des fringues pas rock’n’roll du tout et qu’on ne ressemble à rien, on ne s’appelle pas « The Sonics » par hasard…On aurait du se douter. On pourrait penser qu’ils font partie de la vague de groupe américains dits « garage », sauf que, avec les Kingsmen, ils étaient là juste avant, dès 1964, date de sortie de leur premier single : « The Witch ». Un vrai truc de malade, éblouissant de saleté et de sauvagerie, qui fait qu’on peut considérer que The Sonics ont quasiment inventé le rock garage. Un groupe proto-Hard Rock, proto-Punk, proto-Post Punk, proto-Hardcore, proto-Grunge,….. proto-Tout. Le cri primal du troglodyte adolescent qui résonnera dans les garages pour l’éternité.

Et contrairement à pas mal de leurs collègues du rayon « garage », l’album est bon dans son ensemble, même si, comme de coutume à l’époque, c’est moitié reprises, moitié compositions. Les reprises, d’abord : toutes excellentes et racées, issues d’un répertoire classieux : Chuck Berry, Berry Gordy, Richard Berry, Rufus Thomas, Little Richard (carrément « Good Golly Miss Molly », même pas peur !). Les compositions, ensuite. Seulement quatre, mais vu leur potentiel explosif, il n’en fallait pas plus : « The Witch », « Boss Hoss », « Psycho » et « Strychnine ». Un des plus grand défouraillage jamais enregistré, l’Alpha et l’Oméga de la musique des sauvages, celle qui a traumatisé Iggy Pop, Ron Asheton, Wayne Kramer, etc…

Reprises et compositions dans le même sac, passées à la moulinette ultra saturée du son cradingue, des solos poucrates et des hurlements de damné. Car en effet, personne n’hurle comme le chanteur, Gerry Roslie, un des rares mecs de type caucasien à pouvoir sortir le hurlement létal de Little Richard (avec McCartney, quand il avait encore de la voix). Le grain de la licence dans les cordes vocales, la violence du son et l’outrage au bon goût font que The Sonics ont établis avec ce disque la plus pure expression du crachat au ciel adolescent. Les trois points d’exclamation de la pochette ne sont pas de trop.

ANOMALIE

Le titre : Danger Mouse and Sparklehorse Present Dark Night of The Soul

L’artiste : …..

Le format : 33T/2×30 cm

La date de sortie : 2010

Le genre : Pop tordue

C’est qui ?: Un producteur avec un nom débile et un grand groupe américain

Qui joue dessus ?: Merci de consulter les notes de pochettes, trop de monde

Comment ca sonne ? : Über cool

Qualité du pressage :

Excellente.

Lex Records – Pressage EU – Pressage original de 2010.

Ce qu’on en pense :

Ce genre d’album, on se demande comment c’est possible. Un truc que les maisons de disque n’ont pas l’habitude de publier, un disque dont on ne sait pas d’où il est sorti et pourquoi il existe. Visiblement, un exercice de style pour se faire plaisir, à l’initiative du producteur Danger Mouse (comme pseudo, plus con tu meurs….son vrai nom : Brian Burton) et du musicien Mark Linkous (le mec de Sparklehorse).

En résumé :

Production : Danger Mouse et Mark Linkous

Pochette : David Lynch

Personnel convoqué (co-écriture et interprétation):

  • Jason Lytle (Grandaddy)
  • Julian Casablancas (The Strokes)
  • James Mercer (The Shins)
  • Iggy Pop (The…on vous laisse deviner)
  • Black Francis (Charles Thompson)
  • Suzanne Vega
  • Vic Chesnutt
  • David Lynch
  • Mark Linkous

De quoi faire tomber dans les patates n’importe quel lecteur des Inrocks, entre deux caïpirinhas.

Un rassemblement de musiciens de cette sorte, façon « All-star game du rock indé», ça peut foirer. Par bonheur, ce n’est pas la cas. Tous les morceaux sont bons (voire magnifiques – ceux de Linkous, Mercer et Lytle en particulier). La production est excellente et parvient à unifier l’ensemble des compositions de façon homogène, même si on reconnaît la particularité de tous les protagonistes. Sauf pour le dernier titre évidemment, celui du mec qui ne fait rien comme tout le monde : David Lynch. Un morceau terrible, crépusculaire, chanté de sa voix nasillarde remplie d’écho, comme une sorte de testament musical de « Twin Peaks » et qui à lui seul vaut l’achat du disque.

Entendre chanter Suzanne Vega par dessus la guitare de Sparklehorse laisse rêveur quant à d’éventuelles collaborations qui n’auront jamais lieu. Sorti en 2010, ce disque constitue hélas les derniers enregistrements officiels de Vic Chesnutt et Mark Linkous, deux musiciens qui à l’heure actuelle boivent un coup au paradis avec Leonard Cohen, alors qu’Elton John court toujours, la chandelle dans le vent.

ON RÉCOLTE CE QU’ON SÈME

Le titre : Perfect Night Live In London

L’artiste : Lou Reed

Le format : 33T/2×30 cm

La date de sortie : 2017

Le genre : Chansons toxiques

C’est qui ?: Le musicien préféré de Charles Thompson

Qui joue dessus ?: Lou Reed (beaucoup), Mike Rathke (un peu), Fernando Sanders (à peine), Tony « Thunder » Smith (quasiment pas)

Comment ca sonne ? : D’enfer que t’y crois pas

Qualité du pressage :

Excellentissime.

Reprise Records – Pressage EU – Pressage original de 2017.

Ce qu’on en pense :

Si c’est pour publier des trucs comme ça, on va finir par arrêter de dire du mal du Record Store Day. Voir même s’excuser. En fait non, le sujet étant Lou Reed, on ne va pas s’excuser du tout et on va continuer de penser que les gens qui se rendent une fois dans l’année chez leur disquaire, ce jour là précisément, sont un peu bizarres. C’est comme pour la fête de la musique. Quand on aime vraiment ça, la fête de la musique c’est tous les jours. Sauf le 21 Juin.

Enfin bref, ce live de Lou Reed a été publié à l’occasion du Record Store Day de 2017 et on ne va pas le bouder par principe, ce qui serait scandaleux vu la qualité de l’enregistrement. Même si on pense que, du coup, le principe de cet « événement » étant de rendre artificiellement certains disques «collector» (terme horrible, un vrai truc de blaireau – ou de fan de Queen, ce qui revient au même), on trouve merdique qu’il n’ait été publié qu’à 3000 exemplaires, donnant des cartouches à tous les connards qui achètent ces publications le jour de leur sortie, sans les écouter, uniquement pour les revendre plus tard avec une plus-value aux gens que cela intéresse vraiment. Des disques de rock’n’roll, un genre normalement populaire et accessible par nature, soumis à la spéculation, vous y croyez vous? Un coup à vous faire bouffer votre exemplaire anglais original (Mono) de Sgt Pepper. Alors que ce disque de Lou Reed devrait être distribué gratuitement dans toutes les écoles américaines par le ministère de l’éducation, s’il existe.

Enregistré à Londres en 1997, lors du Meltdown Festival, il s’agit du Lou Reed tardif, celui d’après « New-York ». Le Lou Reed purgé et devenu obsédé par le son de sa guitare. L’affreux capable de traumatiser un ingénieur du son en lui demandant « Pour le son de la guitare, c’est pas terrible. Tu peux me le faire plus « boisé » ?. On imagine la tête du mec se disant « Bon, j’aime bien le Velvet, mais là le vieux il fait vraiment chier ». Pour le bien de tous, car il est manifeste qu’à partir de 1989, année de sortie de « New York », Reed a arrêté de produire ses albums n’importe comment, même si pour cela il a du rendre fou plusieurs producteurs.

C’est la première chose frappante à l’écoute. Le son de guitare. A tel point que c’est l’unique sujet des notes de pochettes et que sont crédités sur le disque, juste après les musiciens, les techniciens guitare et basse, chose inédite à notre connaissance. Notes qui raconte que Loulou était enchanté de faire ce concert, ayant enfin le son qu’il attendait : « an acoustic guitar with the sound of diamonds ». Rien que ça…Quel frimeur, ça va que c’est lui.

Effectivement, si vous aimez la guitare (mais qui ne l’aime pas), vous allez passer un moment unique. Reed joue donc sur une guitare acoustique, directement branchée sur un ampli et le résultat est en effet édifiant. « Ça sonne sa mère » comme dirait Pete Townsend, et on à le sentiment d’écouter une version mise à jour du Velvet Underground, groupe dont la qualité sonore des enregistrements n’est pas le point fort.

Si ce n’était que cela, cela suffirait amplement, mais c’est sans compter avec le répertoire du chanteur, plutôt balèze, même s’il l’a souvent massacré en sortant des albums à la production limite. Des versions formidables de morceaux dont les versions studios sont pourries (« New Sensations »), des morceaux inédits sortis de nulle part (« Talking Book »), des versions mortelles de morceaux déjà connus (« The Kids », « Busload Of Faith » ou « Coney Island Baby ») et en ouverture de l’album une version d’ « I’ll be your Mirror » qui vous fera trembler. Certes, il craque un peu sur la face D, avec un morceau au phrasé rap pas terrible du tout, mais comme il termine par « Dirty Blvd. », tout roule (même s’il y force un peu trop sa voix).

Ce disque est une merveille. Outre la qualité du répertoire, la prise de son est tellement bonne qu’on dirait un album studio et on se demande sérieusement si ce n’est pas le meilleur album de Lou Reed, toutes publications confondues. Tout court, en fait.

SA GUITARE ET SON COUTEAU

Le titre : The Alan Lomax Recordings

L’artiste : Fred McDowell

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 2011

Le genre : Blues létal

C’est qui ?: Un fermier

Qui joue dessus ?: Fred McDowell

Comment ca sonne ? : Naturel

Qualité du pressage :

Moyenne.

Mississippi Records – Pressage US – Pressage original de 2011.

Ce qu’on en pense :

Il n’y a pas de mot pour décrire l’importance du travail d’Alan Lomax, le type qui a documenté les musiques vernaculaires américaines, tout seul avec son magnéto sous le bras. La musique des malpropres dont tout le monde se fout aux Etats-Unis. Celle des bouseux des Appalaches ou celle des esclaves des états ségrégationnistes. Son travail le plus célèbre, autant que le plus déterminant, étant la série d’enregistrements qu’il réalisa en 1941/42 dans les états du Sud, avec, entre autres, les premiers enregistrements de Muddy Waters et de Son House. On imagine même pas l’effet que cela doit faire de poser son magnéto devant Son House et de l’écouter vibrer en direct, à 50cm…un coup à faire un AVC.

Presque vingt ans plus tard (1959), Lomax retourna dans le Sud pour voir s’il n’avait rien raté, sans se faire d’illusion et se disant que la plupart des types devaient être canés. C’est ce que racontent les excellentes notes de pochette de ce disque (cherchez pas, sur Spotify y’a pas…), où on apprend que Lomax, en train d’enregistrer tranquillou les frères Pratcher (des types sortant plutôt un répertoire de minstrel songs) voit débarquer leur voisin qui vient de rentrer du boulot. Ce type, qui revient de son champ de coton (cliché, mais véridique) c’est Fred McDowell.

Salut les gars, ça va ? Ouais je veux bien une bière…Tu me passes ta guitare Lonnie? Je peux vous jouer un truc? Et là….Lomax et Collins (un musicien anglais qui l’accompagnait) ont du triper comme des gorets à l’écoute du blues dépouillé mais vivace du fermier. Bingo! Ils ont trouvé un mec qui était passé sous le radar.

Fred McDowell, né en 1905,  avait jusque là passé sa vie à travailler comme fermier, jouant de la guitare le samedi soir pour ses copains, puis dans les pique-niques et fêtes de mariage (schéma récurent chez les bluesmen du Sud). De la guitare slide, avec les moyens du bord, se servant d’un os ou d’un couteau en guise de bottleneck. Ou du cou d’une bouteille de gin Gordon’s qui, selon lui, donne « un son plus clair ». Plus vernaculaire, tu meurs.

Pour ceux qui aiment le blues des origines, celui du Delta (le seul, en fait), ces enregistrements de 1959 sont extraordinaires. Un type tout seul à la guitare, dont la facture slide grossit le son. En fait la guitare chante, autant que le bonhomme qui en joue. Comme par exemple sur le morceau « When You Get Home Please Write Me Your Lines », à la partie de guitare hallucinante. Brutale et tonique comme un morceau des Stones. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien, qu’ayant repris un de ses morceaux («You Got To Move » sur « Sticky Fingers ») ils lui ont offrirons un habit de lumière (un costume lamé argent).

Il mourra juste après et sera enterré avec. Trop tard.

MAUVAISE BLAGUE

Le titre : Instant Street

L’artiste : Deus

Le format : 45T/17,5 cm

La date de sortie : 1999

Le genre : Chef d’œuvre burgonde

C’est qui ?: Le meilleur groupe de rock belge (ce n’est pas une blague)

Qui joue dessus ?: Tom Barman, Craig Ward, Danny Mommens, Piet Jorens

Comment ca sonne ? : Magnifiquement

Qualité du pressage :

Excellente.

Island Records – Pressage UK – Pressage original de 1999.

Ce qu’on en pense :

Si vous aimez Deus, n’achetez surtout pas ce single. Remarquez, si vous ne l’avez pas, cela ne risque pas d’arriver, à moins de tomber dessus par hasard dans une brocante, entre 12 Johnny Hallyday et 50 Claude François. Donc, si vous l’avez, vous savez de quoi on parle et si vous ne l’avez pas, vous n’avez rien raté, à moins de vouloir documenter la façon inique dont l’industrie du disque traite ses clients.

En effet, on lit sur la pochette « Instant Street – Deus ». Clairement. Comme on aime bien les singles, et encore plus les grandes chansons, vas-y qu’on l’achète, tout content. On pose le disque sur la platine et c’est parti.

Le riff d’intro au banjo, ultra cool. Premier couplet super. Le deuxième pareil, avec les arrangements d’enfer. Le refrain tout bizarre, encore mieux. Retour au couplet et de nouveau le refrain, avec là gros décollage (les violons ça fait toujours ça…). Encore un couplet et un refrain, et puis le début de la partie instrumentale, un truc venu d’ailleurs qu’on croirait écrit par Sonic Youth. La guitare toute bizarre – on guette la partie de grosse guitare rythmique qu’on adore, celle qui finit de vous achever et là….un fondu et au revoir.

DE QUOOOIIIII ? Non mais, ça va pas ? Du coup, on vérifie sur le macaron. Non, il y a bien écrit « Instant Street ». La suite ça doit être sur la face-b, c’est pas possible. On retourne le disque, et là on constate qu’en face-b il y a une démo pas terrible. Aaaaaargh ! Dépité, on consulte le verso de la pochette, où effectivement est renseigné un lamentable « Instant Street – Radio Edit ». Donc, une version pour la radio.

Ah ben bravo. Qui a entendu ce titre à la radio en 1999? Franchement? Et pour quelle radio? Celles prêtes à le diffuser l’auraient surement fait sans tronquer la partie instrumentale de 2 minutes qui conclue le morceau (là où le groupe sort de boite de nuit et se met à danser dans la rue, pour ceux qui se souviennent de la vidéo – ou alors le moment où vous hochez la tête comme un perdu tellement c’est bon, en vous disant que c’est pas possible que des belges aient cartonné un truc comme ça). Allez hop, on ouvre la fenêtre et ziiiiiiiim,  on jette le disque sur le boulevard.

On le voit d’ici le gros con de chez Island Records: « Mouais, un single de 6 minutes, c’est pas possible…On vire la fin, là où y’a plus de paroles. De toute façon c’est trop long.». Il a surement cru qu’en faisant cela il allait en vendre 10 de plus, alors que le morceau aurait pu être découpé en deux faces (même si 6 minutes de musique ça rentre sur une face…), comme cela s’est déjà fait pour de grands singles. « What’d I Say » de Ray Charles par exemple, où la partie avec les chœurs est sur la face-b, ou même « Bad Girl » de Lee Moses, carrément coupée en plein milieu. Mais bon, inscrire « Instant Street » au Panthéon des grands singles, le mec d’Island il s’en contrefoutait.

Pour avoir une idée de l’effet que produit l’écoute de ce machin, écoutez la version de l’album et à 4 minutes 10 précisément…coupez le son. Le plus grand coïtus interruptus musical qui soit.

Vu le trésor national qu’un groupe comme Deus représente, le roi des Belges devrait demander réparation à la maison de disque.

CROCODILE

Le Titre : Boys Don’t Cry (New voice – New mix)

L’artiste : The Cure

Le format : 45T/17,5 cm

La date de sortie : 1986

Le genre : Pop tordue

C’est qui ?: Les mecs du générique des « Enfants du Rock »

Qui joue dessus ?: Robert Smith, Michael Dempsey, Laurence Tholhurst

Comment ca sonne ? : Pas clair

Qualité du pressage :

Bonne.

Fiction Records – Pressage FR – Pressage original de 1986.

Ce qu’on en pense :

Dans les années 80, l’orchestre anglais « The Cure » a vendu des camionnées de disques aux petits français. A tel point que tous ceux qui sont nés après le choc pétrolier gardent le souvenir de gens fringués en noir, les cheveux hirsutes, trainant dans la cour du lycée. Tout le monde a croisé au moins une fois un de leur fan, parfois appelé « curiste ».

Petite description rapide du « curiste de lycée », basée sur une étude réalisée in situ en 1986 et à l’échelle nationale:

  • Fringué(e) tout(e) en noir
  • Cheveux noir de jais, en pétard (pour les cas sérieux)
  • Les yeux maquillés au Khol (pour les cas extrêmes)
  • Fait la gueule et parle peu
  • Quand on lui pose la question « Et à part Cure, t’écoutes quoi d’autre? » (question primordiale dans une cour de lycée), ne réponds rien (ou bien, après un bon quart d’heure : « Jesus » (comprendre « The Jesus And Mary Chain »), pour les spécimens les plus raffinés)
  • N’a pas le logo AC/DC dessiné à la salaud au marqueur sur sa bauge (c’est d’ailleurs pour ça qu’on essaie de lui parler)
  • Pas réservé au genre masculin (c’est aussi pour ça qu’on essaie de lui parler)

On a toujours trouvé un peu étrange le succès de ce groupe. Leur musique est un peu chiante et si vous voulez écouter un truc triste pour vous la péter genre ténébreux, autant écouter Joy Division. Au moins là, la citation de Camus elle est direct dans la musique, pas dans le texte.

Mais il faut bien reconnaître que ce morceau a de l’allure. Initialement sorti en 1979, il s’agit ici de la version single de 1986. Le même morceau, mais remasterisé, et la voix re-enregistrée par Robert Smith. Et pas pour rien, cette version étant meilleure que l’ancienne, notamment grâce au chant.

Au sujet de la voix de Smith, il est vrai qu’elle peut être agaçante pour certains, mais pour l’avoir vu sur scène, on est sur que c’est un grand chanteur (on ne se rappelle plus ce qu’on foutait là – ah si ! c’était pendant un festival où ils jouaient après Sonic Youth (un scandale…), et comme on était resté tétanisé, on avait pas changé de place). Par contre, sur scène, la musique reste la même et on s’ennuie grave. Sauf notre voisin, qu’on a littéralement vu devenir fou à l’écoute de ce morceau, nous beuglant dans les oreilles la totalité du texte avec l’accent de Tourtoule (« Boillezeeee dooonte craillle »). Un souvenir comme on les aime.

Un vrai single pop de la mort, avec tout ce qu’il faut. Le sujet, l’intro, le petit riff qui va bien, la progression d’accord mortelle, la mélodie idem, avec en plus un pont, un vrai. Et le texte. Simple, et qu’on comprend même avec un niveau d’anglais moyen, ce qui fait que Robert Smith, c’est direct notre copain.

Nous non plus, on n’aime pas les menteurs qui pensent qu’ils ne font jamais de conneries. Nous non plus, on n’aime pas les brutes qui pensent que les excuses sont l’expression d’une faiblesse alors que c’est tout le contraire. Sauf que…il y a quand même de grosses ambiguïtés dans le texte, comme par exemple les lignes « I would say i’m sorry / If i thought that it would change your mind » ou bien «I would tell you that i loved you / If i thought that you would stay ». Si ça se trouve, on avait rien compris. Qu’est ce qu’il raconte en fait ? Pourquoi employer le conditionnel ? Les larmes qu’essaie de cacher Robert Smith seraient en fait des larmes de joie? Quel saligaud. On le savait bien, ces gens sont bizarres.

COME OOON!

Le Titre : The Richmond Sluts

L’artiste : The Richmond Sluts

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 2001

Le genre : Panthéon Garage

C’est qui ?: Un groupe de San Francisco

Qui joue dessus ?: Shea Roberts, Jesse Nichols, Chris B, Brad Artley, Justin Lynn

Comment ca sonne ? : Mortel

Qualité du pressage :

Bonne.

Media Creature Music – Pressage US – Réédition de 2016.

Ce qu’on en pense :

Dans la catégorie maudite du « grand disque caché dont tout le monde se fout et on comprend pas pourquoi », celui là c’est peut-être bien le champion. Sorti en 2001, la même année que le premier album des Strokes, et en pleine période dite du « retour des groupes à guitares », cela aurait pourtant pu faire l’affaire. Mais non. Que dalle. Le groupe se séparera direct après (avant de se reformer 15 ans plus tard pour la même : un bon disque qui n’intéressera personne). Et pourtant, c’était autrement plus furieux que les Strokes. Et l’album plus que bon.

Si vous êtes de ceux que les parties de guitare rythmiques infernales et pétées de glorieuse fuzz font transpirer, vous pouvez sortir la serviette. Le bon vieux son des New-York Dolls et de Johnny Thunders, en mieux. Mixées bien en avant, on ingère sidéré 34 minutes de guitares électriques mortelles. Impossible à écouter en sourdine, tout dans le rouge, les voisins on s’en fout, monte le son, de toute façon ça leur fera du bien. Un disque qui donne immédiatement envie de s’acheter une guitare électrique et de monter un groupe de rock.

Sans exagérer, cet album à sa place à coté de son papa, le « L.A.M.F. » de  Johnny Thunders & The Heartbreakers. Dès la première nanoseconde, le bras à peine posé sur le disque, on sait de quoi on parle. Pas d’intro, direct la rythmique létale du rock’n’roll, celle venue du blues et de Chuck Berry, celle qui vous consume les synapses et qui fait s’allumer la petite lumière dans votre cerveau reptilien, celle qui vous fait dire « Putain, c’est le bruit le plus cool du monde, et en plus ça me donne envie de bouger la tête comme un débile. Et en fait…je veux bien être un débile pendant 30 minutes». Et quand le chanteur attaque par un « Come Ooooon ! » de circonstance, on se retient de ne pas répondre «OUUUAIIIIS !!! » tout seul comme un con dans son salon. Scié au bout de 12 secondes (on a chronométré).

Alors les grincheux diront que cela ressemble aux New-York Dolls et qu’on a déjà entendu cela mille fois. En fait on pense tout le contraire. On pense plutôt que ce genre de disque est rare. En effet cela « ressemble » aux New-York Dolls, qui eux même jouent la même musique que Chuck Berry, qui lui même joue la même musique que Robert Johnson, qui lui ….ah euh ….lui il a peut être bien fait péter le compteur avec ses copains du Delta, et encore il faudrait étudier la musique traditionnelle Malienne pour en être sur. Et de toute manière, ce n’est pas la facture qui compte, mais l’interprétation. Donc l’argument ne vaut rien.

Enfin bref, comme souvent en musique populaire, il vaut mieux éviter de trop réfléchir si on ne veut pas passer pour un con qui mélange tout et qui pense qu’on peut comparer «Sticky Fingers » et « Les Misérables ». De toute façon, tout cela on s’en fout, la tête renversée et perdu dans le bruit étourdissant de la machine.

LOI MALRAUX

Le Titre : The Real Folk Blues

L’artiste : Muddy Waters

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 1966

Le genre : Ooooooh Yeeeaaaah !

C’est qui ?: Le papa de Keith Richards

Qui joue dessus ?: Muddy Waters et son groupe

Comment ca sonne ? : Tout noir

Qualité du pressage :

Introuvable en pressage original.

Écouté en numérique.

Ce qu’on en pense :

Autrefois, une chanson populaire en France, attribuée à un baltringue que l’histoire de la musique oubliera (on se base sur une échelle mondiale pour dire ça, et sur un état des lieux sérieux de l’histoire des musiques populaires),  commençait par cette ligne : « Touteuh la musique que j’aimeuuuh, elle vient deuh là, elle vient du Blues ». Même si nos souvenirs restent flous vis à vis du chanteur en question (il paraît qu’il aimait bien les motos), il semblerait que ce soit pourtant le truc le plus intelligent qu’il ait jamais dit. C’est déjà ça.

Que lui aime ça, vu ce qu’il en a fait, on s’en fout. De la même manière qu’on ne va pas se faire piquer le drapeau et l’hymne national par les fachos, on ne va pas non plus se faire voler le blues par des types dont la carrière est une escroquerie, voir une insulte au « Darwinisme musical ». (Bon d’accord, le Darwinisme musical on vient de l’inventer, mais c’est tout ce qu’on à trouvé pour exprimer l’influence du Blues sur la musique populaire et instruire l’arnaque propagée par ce genre de chanteur dont toute la carrière hurle : « Cette musique n’est pas la mienne, mais je ferai tout pour vous faire croire que si ».)

Bon. On s’égare un peu du sujet, mais des trucs comme, ça c’est pas possible. Le blues, c’est un truc sérieux. Sans le blues, rien sous le soleil.

De blues, il y en a deux. Celui des paysans (des esclaves, pardon…) du Delta du Mississippi. Et celui des mecs qui plus tard ont réussis à se tirer vers le Nord, à Chicago en particulier. Le premier est acoustique (un mec tout seul à la guitare, qui parle au cosmos au nom de l’humanité). Le deuxième est électrifié (un type avec un groupe, qui laisse son guitariste faire des solos de deux heures). Le premier est fascinant. Le deuxième, un peu moins.

Le pont entre le premier et le deuxième? Muddy Waters, barré de sa plantation du sud vers Chicago dans les années 50. Echappé de l’enfer sudiste, c’est à lui qu’on doit l’électrification du blues des origines.

Le problème avec ces musiciens, c’est que leur discographie est absolument imbitable. Vu que tout le monde se foutait de les enregistrer, 70 ans plus tard on n’y comprends plus rien. Et depuis que les droits sont tombés dans le domaine public, c’est la porte ouverte à n’importe quelle réédition douteuse par des labels italiens au son pourri (véridique). Sans déconner, le ministère de la culture des Etats Unis d’Amérique (si cela existe) devrait s’occuper de rééditer tout cela proprement, parce que là c’est l’enfer. C’est comme si en France on avait laissé pourrir le « Déjeuner sur l’herbe » dans une cave du 6ème arrondissement.

Au milieu de ce cauchemar éditorial, on ose même pas parler des disques qu’on a achetés et qui sont en fait des pirates. Si on devait se rabattre sur les publications officielles, on choisirait ce disque. Même si on ne sait pas trop ce que c’est, sauf qu’il contient des enregistrements allant de 1949 à 1964, mais comme il s’agit de Chess Records, le label de Chuck Berry, on leur fait confiance.

Ce qu’on sait par contre, c’est que le premier morceau (« Mannish boy ») résume à lui tout seul la carrière de Muddy Waters. Le monolithe de « 2001, l’odyssée de l’espace » du blues électrique. Tous les sujets dans un seul morceau. Tout noir. Tout vibrant. Tout beau. Une fois que vous l’avez vu, comme les singes du film de Kubrick, vous êtes transformé.

Le riff d’intro, qui résonne comme étant LE riff du blues électrique (Ta Din Ta Da din). Le son bastringue, qui sent bon le « juke-joint », la gnôle et la baston du samedi soir. Le texte, libidineux et à double sens comme le sont la plupart des textes des bluesmen. Et par dessus tout, la voix. Vu le texte, du genre viril, un mec qui chante d’une voix vibrante « I’m a maaaaaan » pourrait paraître déplacé. Mais quand  il s’agit d’un noir  américain né en 1913 et ayant travaillé dans une plantation du Mississippi, la résonnance est toute autre.

PS: Pas besoin de préciser qu’une des lignes du texte de ce morceau est « I’m a rolling stone », et que Brian Jones n’étant pas sourd, etc, etc….