
Le titre : Lawless (Original Motion Picture Soundtrack)
L’artiste : Nick Cave & Warren Ellis
Le format : 33T/30 cm.
La date de sortie : 2012
Le genre : 70°, sans sucres ajoutés
C’est qui ?: Nick Cave et le remplaçant de Blixa Bargeld
Qui joue dessus ?: Nick Cave, Warren Ellis, Mark Lanegan, Emmylou Harris, Willie Nelson, Ralph Stanley.
Comment ca sonne ? : Frelaté
Qualité du pressage :
Bof. Pressage avec des défauts. Mais il y a un livret avec des super photos.
Music On Vinyl / Sony – Pressage original de 2012 – Pressage EU
Ce qu’on en pense :
Les musiques de films, on se demande encore à quoi ça sert.
Autrefois, cela permettait à l’industrie musicale de vous fourguer un truc en plus, comme si elle n’en avait pas assez. A l’époque c’était une véritable industrie, pas un espèce de machin qui essaie de raccrocher les wagons depuis que la musique est dématérialisée, se demandant encore comment tout cela a bien pu lui arriver. Bien fait pour sa gueule. Merci Steve Jobs. Ou pas. Enfin bon, c’est plié de toute façon.
Et vas-y que je te publie les B.O. toutes pourries des nanars d’Elvis, ou le disque des Bee Gees avec Travolta en habit de lumière, dansant jusqu’au bout de l’ennui pour « rester vivant, rester vivant, a-ya-ya-ya, rester vivant » (désolé…), ou Simon & Garfunkel bavant sur Mme Robinson, qui n’avait pas besoin que deux minets lui fasse la morale (« And here’s to you Mrs Robinson / Jesus loves you more than you will know », sans dec pour qui y se prend Paul Simon ?). Exception : les Beatles avec « A Hard Day’s Night » et « Help ! », mais bon, là, c’était plutôt l’inverse, c’était le film le produit dérivé. Et puis les Beatles, c’est les Beatles, le premier qui l’ouvre, …crouiiiiicc…perte du signal…Cognacq-Jay ?….à vous les studios.
Et encore, on parle là de B.O. constituées de chansons. Pas de disques composés d’instrumentaux qui, amputés des images, n’ont pas vraiment d’intérêt. Dans ce genre, même les meilleures – « Le Parrain » (That was you Fredo ! You broke my heart – YOU BROKE MY HEART ! – Ouais en fait, c’est dans le Parrain II mais on peut pas s’empêcher), « Il était une fois dans l’Ouest » (Ouain Ouain Ouain Ouain Ouain Ouain Ouain Ouain Ouaiiiiiin) ou « Der Himmel Über Berlin » (Désolé encore, mais le titre français on le trouve trop naze) – supportent peu l’écoute en tant que telles, tranquillou dans son salon. On s’ennuie avant la fin de la première face et on à juste envie de remettre le film. (On aime bien Ry Cooder, mais ses parties de guitare slide on les apprécie encore mieux dans « Paris, Texas »).
Sauf pour cette BO, d’un film plutôt bien mais pas top non plus, réalisé par le copain de Nick Cave, John Hillcoat, qu’on peut écouter comme un album. Sans se faire chier, ce qui en fait une sorte d’exception. Avec peut être aussi la BO du film des frères Cohen, « O’Brother » excellente également. Bon…du coup, ce n’est plus une exception. On est bien embêté…C’est pas grave, on s’en fout, on n’est pas à une connerie près.
Engagé pour écrire le scénario (en fait l’adaptation d’un roman de Matt Bondurant sur les « Hillbillies Moonshiners » – traduction : des pèquenauds de mauvaise humeur avec un alambic et des flingues), Nick Cave a proposé de prendre également en charge la musique du film. Deux prestations pour le prix d’une. (Ou pas, on n’est pas dans le secret des relations commerciales de la grande saucisse desséchée).
Résultat : une des meilleures bande son jamais enregistrée. Composée en partie de reprises (de haute tenue, c’est rien de le dire) et de compositions de Nick Cave et Warren Ellis interprétées par Emmylou Harris. Allant même jusqu’à convoquer Ralph Stanley, une légende sans âge du Bluegrass, le genre de gars né un banjo à la main pendant la grande dépression, ou Willie Nelson, punaise, un type qui incarne la country-music à lui tout seul (version outlaw, comme on dit, ce qui veut dire : « j’emmerde les puristes de Nashville »).
Non seulement les compositions de Cave et Ellis sont excellentes (et ne figurent pas sur le récent coffret de face-B, ce qui justifie en soi l’écoute du disque), mais le choix du répertoire des reprises laisse rêveur : Link Wray, John-Lee Hooker, The Velvet Underground, Captain Beefheart, Grandaddy. Pour l’exécution, Cave et Ellis ont monté un faux groupe (The Bootleggers), réussissant même à enrôler Mark Lanegan pour assurer le chant. Et comme il s’agit du Nick Cave d’avant le traumatisme, c’est le gros défouraillage. Notamment sur la reprise de John-Lee Hooker, « Burning Hell », un truc pas possible, où Cave se réserve l’interprétation. A la hauteur de ce qu’il sait faire, n’étant pas donné à tout le monde de reprendre John-Lee Hooker sans passer pour un clown.
Des versions mortelles de « Fire and Brimstone » de Link Wray ou du « White Light / White Heat » du Velvet….le pépé du banjo, 85 balais au compteur, qui reprend Link Wray, Captain Beefheart et Lou Reed (?!?)….Emmylou Harris interprétant un morceau de Grandaddy (à tomber par terre de classitude…). Le tout arrangé de la mort par Warren Ellis pour un résultant stupéfiant. En fait ce n’est pas une BO, c’est un album de reprises, une réinterprétation sauvage de la brutalité inhérente de l’âme américaine. Ce qui en fait un disque unique.