BAL TRAGIQUE

Le titre : Dance Me To The End Of Love

L’artiste : Leonard Cohen

Le format : 45T/17,5 cm.

La date de sortie : 1984

Le genre : Rêve de pierre

C’est qui ?: Le Yoda de Nick Cave

Qui joue dessus ?: Leonard Cohen, Jennifer Warnes, John Crowder, Richard Crooks, Sid McGuinnes, Kenneth Hosek, John Lissauer

Comment ca sonne ? : Désuet

Qualité du pressage :

Bonne.

CBS – Pressage original de 1984 – Pressage HOL

Ce qu’on en pense :

Des Leonard Cohen il y en a deux. Non, en fait pas vraiment, il y en a plutôt trois.

Le premier étant l’écrivain, genre poète, membre des cercles littéraires et intellectuels du Montréal du début des années 60, voulant devenir écrivain, ce qui n’arrivera jamais.

Le deuxième étant le chanteur de « Suzanne », propulsé au rayon pop music à la fin des années 60. Plus vieux que la plupart de ses collègues, il ne comprendra jamais vraiment ce qu’il foutait là. Lui son truc, c’était la poésie, même si pour se faire entendre il avait capté qu’il fallait apprendre la guitare.

Le troisième, c’est le mec à la voix grave, fils de tailleur, en costard super classe, homme de peu de mots et du genre mystique, apparu dans les années 80.

Digression :

Au sujet de cette histoire de costume et de prestance venue d’ailleurs, aussi impressionnante qu’incongrue au rayon pop music, et qu’avait pourtant intégré le chanteur, Cohen aura une réponse splendide et pleine d’humour quand il confiera a Sylvie Simmons, sa biographe: « Ma chère, je suis né en costume ». En rêve, on imagine être à sa place, échangeant avec le chanteur autour d’une tasse de thé et l’entendre nous lâcher « Dear, i was born in a suit » de sa voix grave à la diction parfaite. Oualalalalalala…On en connaît qui tomberaient dans les pommes direct.

Tout ça pour dire qu’en 1984, suite à 5 ans de silence, Leonard Cohen publia l’album « Various Positions », à la facture différente de ses enregistrements précédents. Le disque où la nicotine vient réclamer son tribut et où la voix  du barde sémite commence à glisser vers une sorte de grondement terrible qui ne fera que s’amplifier jusqu’à la fin de sa vie.

Deux chansons seront tirés en single de cet album: « Hallelujah » et « Dance Me To End Of Love ». La première énervant tout le monde depuis que Jeff Buckley l’a couinée en marcel et que n’importe quel débile de la « StarAcademyDanseAvecLesStarsTopChefTheVoiceIntervilles » la reprend pour faire genre, on s’intéressera plutôt à l’autre, « Dance Me To The End Of Love ».

Et là, attention. Il y a de quoi être surpris, et ce dès les deux premières mesures : un truc électronique à deux balles, genre jouet pour enfant calé sur le réglage « Mazurka », immédiatement suivi d’un chœur féminin troublant entonnant une mélodie slave et  invoquant l’histoire européenne. Le Bontempi du ghetto de Varsovie, annonçant direct que malgré l’enrobage trivial, il ne s’agit pas d’une ritournelle d’amour adolescente, ce qu’on comprend tout de suite à l’écoute du premier vers « Dance me to your beauty with a burning violon ». Le tout sur une mélodie dont la douceur contraste avec la pesanteur du propos. Et tout le reste du chant est sur le même ton, « gentle » comme dirait les anglais, mais comme une réponse aux brutes par la noblesse des mots.

Extraits des paroles, dans le désordre :

Dance me through the panic ‘till i’m gathered safely in

Dance me to the children who are asking to be born

Show me what i only know the limits of

Touch me me with your naked hand, touch me wih your glove

Let me feel you moving like they do in Babylon

Etc, etc, on pourrait citer l’intégralité du texte. Des mots simples et précis, un peu comme un joueur d’échecs qui avancerait ses pièces. N’opposez aucune résistance, laissez venir le mat. Et si vous n’êtes pas fracassé par la beauté du texte, vous pourrez même danser, il y a un petit instrumental exprès pour au milieu de la chanson.

Cohen a écrit la chanson de ceux qui dansent sous les bombes, ou qui sortent leur violon dans les wagons à bestiaux en route pour la Pologne et les fours. Danse moi jusqu’à la fin de l’amour – la plus terrible des sentences.

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