SUPPLIQUE

Le titre : Jolene

L’artiste : Dolly Parton

Le format : 45T/17,5 cm.

La date de sortie : 1973

Le genre : Country-Music

Qui joue dessus ?: Dolly Parton et un groupe (pas de crédits sur le disque)

Comment ca sonne ? : Limpide

Qualité du pressage :

Bonne.

RCA – Réédition de 1976 – Pressage UK

Ce qu’on en pense :

Lors de la tournée suivant la sortie de l’album « White Blood Cells » des White Stripes, Jack White avait l’habitude d’intégrer dans la setlist un bon paquet de reprises : Dylan, Son House et…Dolly Parton. Même si aujourd’hui il a un peu de mal avec sa production personnelle, il est une chose que personne ne pourra jamais lui enlever : celle de transpirer par tous les pores la musique de son pays, sans œillères ni entraves. Et d’en faire la promotion. C’est ainsi que des gamins venus du public dit « rock indé » ont pu entendre sur scène leur reprise tonitruante de « Jolene », un morceau de Dolly Parton. Carrément. De la country en plein déluge électrique.

Pour beaucoup, et particulièrement en France, la country music est un gros mot. Sans même réfléchir deux secondes, ni savoir de quoi on parle, on va vous sortir :  musique de bouseux, rednecks, consanguinité dans les Rocheuses, la NRA et Donald Trump en prime. Ce qui n’empêchera pas les même de trouver les enregistrements de Johnny Cash pour le label American Recording vachement super.

Alors qu’en fait, c’est la même chose. Et pour Dolly Parton on vous dira pire : une pouffiasse a gros nichons qui couine dans le micro. Et pourtant, s’ils voulaient se donner la peine, ou arrêter deux secondes de prendre au sérieux la construction de leur gout personnel, qu’ils trouvent, on en est sur, parfaitement exquis, au point de les faire briller en société, ils comprendraient. Les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils loupent. Cela ne les empêchera pourtant pas d’avoir un avis sur la médiocrité de la musique la plus vendue aux US. Pour les démasquer, c’est pas dur. Evoquez Bobbie Gentry, Steve Earle ou Tony Joe White. Si dans leurs yeux se dessine un vide abyssal, c’est gagné. Vous allez pouvoir leur expliquer.

Car en effet, en terme de musique populaire à grande diffusion (la country est le genre le plus vendu aux US, devant le rap), la country music est le dernier endroit où on sait encore écrire des chansons. Et cela a toujours été ainsi. Par contre, comme c’est une musique calibrée pour le commerce, verrouillée par les intégristes de Nashville, il faut un peu faire le tri. Et savoir ne pas s’arrêter aux apparences.

 Question apparence, Dolly Parton a toujours su ce qu’elle faisait, endossant le rôle de la « blondasse pour rednecks ». Dans le même temps, elle a quand même composé 3000 morceaux et sorti 65 albums. Si c’était juste un histoire de tour de poitrine, on n’est pas sur qu’il n’eut pas fallu qu’elle se fasse pousser au moins deux autres glandes mammaires pour arriver à un tel résultat.

Et donc en 1973, Dolly Parton a publié ce single. De la country pur jus. Produite comme les américains savent faire : chant impeccable, arrangements de l’enfer, avec notamment deux guitares en arpège qui emportent tout. Ce serait sans compter sur la mélodie, éblouissante, et surtout sur un texte qui semble rebondir sur l’accompagnement et dont la profonde simplicité évoque ceux de Chuck Berry ou Morrissey (on en voit d’ici pousser des cris d’orfraie, parler de sacrilège et déchirer leur carte du Parti Communiste – qu’ils aillent se faire foutre).

Ici, rien à voir avec l’évocation de l’Ouest mythologique, de la grande dépression ou de l’addiction virile à l’alcool de grains. Une chanson sur la méchanceté, une supplique terrible où une fille en supplie une autre, dont elle reconnaît la beauté carnassière (« With flaming locks of auburn hair / With ivory skin and eyes of emerald green / Your smile is like a breath of spring »), de ne pas lui piquer son mec, le seul qu’elle aura jamais. (« He’s the only one for me, Jolene »). Parce qu’elle, Jolene,  le peut, cette salope.(« I’m beggin’ of you, please don’t take my man/ Jolene, Jolene /  Please don’t take him just because you can »).

Comme si cela n’était déjà pas suffisant, ce 45T possède un caractéristique cachée surprenante: on peut l’écouter en 33T. Si, si, sans rire. La voix de Parton étant assez haute et le rythme suffisamment enlevé, le passage à la vitesse inférieure ne pose pas de problème et on obtient un morceau au groove étrange et carrément cool.

Evidemment, ce n’est possible que si vous avez le 45T et que vous le jouez en 33T, pas la peine d’essayer de trouver ça sur Spotify.

Bon, comme on est sympa, on a trouvé un lien Youtube (pas terrible) pour que vous voyez ce que ça donne en attendant d’aller acheter une platine vinyle :

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