
Le titre : Perfect Night Live In London
L’artiste : Lou Reed
Le format : 33T/2×30 cm
La date de sortie : 2017
Le genre : Chansons toxiques
C’est qui ?: Le musicien préféré de Charles Thompson
Qui joue dessus ?: Lou Reed (beaucoup), Mike Rathke (un peu), Fernando Sanders (à peine), Tony « Thunder » Smith (quasiment pas)
Comment ca sonne ? : D’enfer que t’y crois pas
Qualité du pressage :
Excellentissime.
Reprise Records – Pressage EU – Pressage original de 2017.
Ce qu’on en pense :
Si c’est pour publier des trucs comme ça, on va finir par arrêter de dire du mal du Record Store Day. Voir même s’excuser. En fait non, le sujet étant Lou Reed, on ne va pas s’excuser du tout et on va continuer de penser que les gens qui se rendent une fois dans l’année chez leur disquaire, ce jour là précisément, sont un peu bizarres. C’est comme pour la fête de la musique. Quand on aime vraiment ça, la fête de la musique c’est tous les jours. Sauf le 21 Juin.
Enfin bref, ce live de Lou Reed a été publié à l’occasion du Record Store Day de 2017 et on ne va pas le bouder par principe, ce qui serait scandaleux vu la qualité de l’enregistrement. Même si on pense que, du coup, le principe de cet « événement » étant de rendre artificiellement certains disques «collector» (terme horrible, un vrai truc de blaireau – ou de fan de Queen, ce qui revient au même), on trouve merdique qu’il n’ait été publié qu’à 3000 exemplaires, donnant des cartouches à tous les connards qui achètent ces publications le jour de leur sortie, sans les écouter, uniquement pour les revendre plus tard avec une plus-value aux gens que cela intéresse vraiment. Des disques de rock’n’roll, un genre normalement populaire et accessible par nature, soumis à la spéculation, vous y croyez vous? Un coup à vous faire bouffer votre exemplaire anglais original (Mono) de Sgt Pepper. Alors que ce disque de Lou Reed devrait être distribué gratuitement dans toutes les écoles américaines par le ministère de l’éducation, s’il existe.
Enregistré à Londres en 1997, lors du Meltdown Festival, il s’agit du Lou Reed tardif, celui d’après « New-York ». Le Lou Reed purgé et devenu obsédé par le son de sa guitare. L’affreux capable de traumatiser un ingénieur du son en lui demandant « Pour le son de la guitare, c’est pas terrible. Tu peux me le faire plus « boisé » ?. On imagine la tête du mec se disant « Bon, j’aime bien le Velvet, mais là le vieux il fait vraiment chier ». Pour le bien de tous, car il est manifeste qu’à partir de 1989, année de sortie de « New York », Reed a arrêté de produire ses albums n’importe comment, même si pour cela il a du rendre fou plusieurs producteurs.
C’est la première chose frappante à l’écoute. Le son de guitare. A tel point que c’est l’unique sujet des notes de pochettes et que sont crédités sur le disque, juste après les musiciens, les techniciens guitare et basse, chose inédite à notre connaissance. Notes qui raconte que Loulou était enchanté de faire ce concert, ayant enfin le son qu’il attendait : « an acoustic guitar with the sound of diamonds ». Rien que ça…Quel frimeur, ça va que c’est lui.
Effectivement, si vous aimez la guitare (mais qui ne l’aime pas), vous allez passer un moment unique. Reed joue donc sur une guitare acoustique, directement branchée sur un ampli et le résultat est en effet édifiant. « Ça sonne sa mère » comme dirait Pete Townsend, et on à le sentiment d’écouter une version mise à jour du Velvet Underground, groupe dont la qualité sonore des enregistrements n’est pas le point fort.
Si ce n’était que cela, cela suffirait amplement, mais c’est sans compter avec le répertoire du chanteur, plutôt balèze, même s’il l’a souvent massacré en sortant des albums à la production limite. Des versions formidables de morceaux dont les versions studios sont pourries (« New Sensations »), des morceaux inédits sortis de nulle part (« Talking Book »), des versions mortelles de morceaux déjà connus (« The Kids », « Busload Of Faith » ou « Coney Island Baby ») et en ouverture de l’album une version d’ « I’ll be your Mirror » qui vous fera trembler. Certes, il craque un peu sur la face D, avec un morceau au phrasé rap pas terrible du tout, mais comme il termine par « Dirty Blvd. », tout roule (même s’il y force un peu trop sa voix).
Ce disque est une merveille. Outre la qualité du répertoire, la prise de son est tellement bonne qu’on dirait un album studio et on se demande sérieusement si ce n’est pas le meilleur album de Lou Reed, toutes publications confondues. Tout court, en fait.