ULTRA VIOLENCE

Le titre : Here’s The Sonics

L’artiste : The Sonics

Le format : 33T/30 cm

La date de sortie : 1965

Le genre : Sauvagerie adolescente

C’est qui ?: Des gamins de Seattle

Qui joue dessus ?: Gerry Roslie, Larry Parypa, Andy Parypa, Bob Bennett, Rob Lind

Comment ca sonne ? : Comme un cirque qui percuterait un mur.

Qualité du pressage :

Bonne.

Norton Records – Pressage US – Réédition (en Mono) de 1998.

Ce qu’on en pense :

« L’habit ne fait pas le moine », une expression convenue, que tout le monde connaît, mais dont personne ne peut pourtant se défaire. Pour comprendre que « l’habit ne fait pas le moine », il faut réfléchir deux minutes et malheureusement, il semblerait que réfléchir deux minutes, c’est déjà beaucoup. Si c’était le cas, la machine marchande ne produirait pas de spot de pub pour un parfum au nom ridicule où l’on verrait ce baltringue de Johnny Depp, dans son costume de « rock’n’roller », faire péter dans le désert les accords de «Wild Thing » devant un mur d’ampli, accompagné d’une meute de loup…On croit rêver.

The Sonics, c’est tout le contraire. A en juger par la pochette, on dirait les mecs du club de lecture du lycée, tendance Tolkien, parfaitement inoffensifs et mignons tout plein (deux d’entre eux portent même des gilets, c’est dire). Sauf que quand on pose le disque sur la platine, laissez tomber… Peut aller se faire foutre l’autre mickey d’Hollywood avec sa Gibson customisé de bourgeois, ses contrats avec Dior et son maquillage au khôl pour singer Keith Richards. Le vrai truc c’est eux, même sapés comme des diacres et pris en photo dans le CDI.

Car en effet, même si on porte des fringues pas rock’n’roll du tout et qu’on ne ressemble à rien, on ne s’appelle pas « The Sonics » par hasard…On aurait du se douter. On pourrait penser qu’ils font partie de la vague de groupe américains dits « garage », sauf que, avec les Kingsmen, ils étaient là juste avant, dès 1964, date de sortie de leur premier single : « The Witch ». Un vrai truc de malade, éblouissant de saleté et de sauvagerie, qui fait qu’on peut considérer que The Sonics ont quasiment inventé le rock garage. Un groupe proto-Hard Rock, proto-Punk, proto-Post Punk, proto-Hardcore, proto-Grunge,….. proto-Tout. Le cri primal du troglodyte adolescent qui résonnera dans les garages pour l’éternité.

Et contrairement à pas mal de leurs collègues du rayon « garage », l’album est bon dans son ensemble, même si, comme de coutume à l’époque, c’est moitié reprises, moitié compositions. Les reprises, d’abord : toutes excellentes et racées, issues d’un répertoire classieux : Chuck Berry, Berry Gordy, Richard Berry, Rufus Thomas, Little Richard (carrément « Good Golly Miss Molly », même pas peur !). Les compositions, ensuite. Seulement quatre, mais vu leur potentiel explosif, il n’en fallait pas plus : « The Witch », « Boss Hoss », « Psycho » et « Strychnine ». Un des plus grand défouraillage jamais enregistré, l’Alpha et l’Oméga de la musique des sauvages, celle qui a traumatisé Iggy Pop, Ron Asheton, Wayne Kramer, etc…

Reprises et compositions dans le même sac, passées à la moulinette ultra saturée du son cradingue, des solos poucrates et des hurlements de damné. Car en effet, personne n’hurle comme le chanteur, Gerry Roslie, un des rares mecs de type caucasien à pouvoir sortir le hurlement létal de Little Richard (avec McCartney, quand il avait encore de la voix). Le grain de la licence dans les cordes vocales, la violence du son et l’outrage au bon goût font que The Sonics ont établis avec ce disque la plus pure expression du crachat au ciel adolescent. Les trois points d’exclamation de la pochette ne sont pas de trop.

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