DOUBLE CHEESE

Le titre : Cruel Country

L’artiste : Wilco x 2

Le format : 33T/2×30 cm

La date de sortie : 2023

Le genre :  Folk en sourdine x 2

C’est qui ?:  Le groupe de Jeff Tweedy x 2

Qui joue dessus ?: Jeff Tweedy, Neils Cline, Glenn Kotche, John Stirratt, Mikael Jorgensen, Pat Sansone x 2

Comment ca sonne ? : Feutré x 2

Qualité du pressage :

Bonne x 2

dPBm Records – Pressage Original US.

Ce qu’on en pense :

Le dernier album de Wilco est un double. Encore… On vient de compter, et incrédule, on constate que c’est leur septième! Sept double-albums! Remarquez, ils avaient prévenu dès le début, leur deuxième album (« Being There ») en était déjà un. Mouais…Pour une forme de musique où la fulgurance et la brièveté du propos prévalent,  de préférence servie sur un single 7 pouces tout chaud et où il faut tout dire en moins de 3 minutes, cela laisse rêveur.

En effet, les double-albums qu’on peut écouter en entier sans s’emmerder se comptent sur les doigts de la main d’un charpentier. Petit rappel, vite fait, pour le plaisir :

« Blonde On Blonde »  de Bob Dylan, publié en 1966. Que des bons morceaux (voir de grands morceaux pour certains), un groupe qui tue et la classe intégrale. Il faut toutefois arriver à supporter sa voix pendant 73 minutes, ce qui relève de la science-fiction pour certains. En plus la photo de la pochette est floue…

« The Beatles » des Beatles (dit « le blanc »), publié en 1968. Lennon et McCartney, désormais incapables d’écrire ensemble, ramènent leurs tas de chansons en studio (et même leur copine, dans le cas de Lennon), avec de quoi faire un album chacun. Résultat : un double gargantuesque, au détriment de leur producteur, George Martin, qui a toujours considéré que cela aurait fait un excellent simple. Lassé qu’on lui pose la question, McCartney déclarera de manière définitive dans le documentaire « Anthology » : « That’s the Beatles fuckin’ White Album, so what ? ». Merci Paulo.

« Exile On Main Street » des Rolling Stones, publié en 1972 et point final de la suite ahurissante composée de « Beggars Banquet », « Let It Bleed » et « Sticky Fingers ». Toute la mythologie des Stones en marche : l’enregistrement (en partie) dans le sous-sol torride d’une villa de la Côte d’Azur, Keith Richards réincarné statut du commandeur de la bohème défoncée, les photos de Dominique Tarlé devenus les retables de l’imagerie rock’n’roll et un disque que certains considèrent  comme le plus grand disque de rock jamais produit. Ils ont surement raison.

Petite bizarrerie : « Marjory Razorblade » de Kevin Coyne, publié en 1973. 4 faces d’un chanteur que tout le monde a injustement oublié, pas un morceau en dessous de l’autre, singulier et fascinant de bout en bout.

Et puis c’est tout (à part peut être « Daydream Nation » de Sonic Youth).

Vous conviendrez surement que les exemples cités précédemment appartiennent aux temps héroïques du rock’n’roll, période allant grosso modo de 1964 à 1973, et dont l’importance historique est incontestable. Après, tout ne sera que redite (si, si, même le punk, pas la peine de monter sur vos grand chevaux…). On reste donc circonspect quand des groupes pensent qu’en 2023 on a envie de passer une heure et demi en leur compagnie. A moins qu’ils n’aient quelque chose de déterminant à dire qui justifie de balancer 21 morceaux d’un coup. Ce qui n’est jamais le cas et participe à l’affadissement du genre.

Aux beaux-arts, une des premières choses qu’on apprend c’est de savoir s’arrêter de dessiner quand il le faut. Que bien souvent, il ne faut pas en rajouter, sous peine d’amoindrir la composition d’ensemble. En musique c’est un peu pareil, on peut tout faire foirer en rajoutant des trucs inutiles. En témoignent par exemple les deux premiers albums de Tindersticks, deux doubles, beaucoup trop longs, qu’on ne réécoute jamais pour cette raison.

Alors, c’est pas qu’on aime pas Wilco, au contraire (ce disque comporte des morceaux excellents), mais on aimerait quand même que Tweedy pose son melon deux secondes et prenne cinq minutes pour faire le tri dans ses chansons. Car pour cet album, comme pour beaucoup de doubles, on reste persuadé qu’il aurait fait un excellent simple et qu’on ne peut s’empêcher de penser que ce genre de publication relève d’un manque de discernement du groupe vis à vis de sa production. Ou d’un ego démesuré.

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