
Le titre de l’édition française : Le reste n’était qu’obscurité
Le titre de l’édition originale : This Searing light, the Sun and Everything Else
La date de parution : 2019(Edition française : 2020 – Traduction : Julien Besse)
L’éditeur français: Allia
Le genre : Regrets
L’auteur : Jon Savage
C’est qui ?: Un journaliste anglais, du genre sommité de la période Punk & Post-Punk.
Ce qu’on en pense:
Sous-titre du livre : « L’histoire orale de Joy Division ». En effet, et à l’instar du cultissime « Please Kill Me » de Legs McNeil et Gillian McCain, l’ouvrage est constitué d’extraits d’entretiens dont l’assemblage forme un récit. A ce sujet, pas d’embrouille, Jon Savage liste en fin d’ouvrage la provenance des interviews, au cas où on le soupçonnerait de vouloir faire parler les morts.
On connaît tous l’histoire. On connaît tous là fin. On se demande tous ce qui à bien pu arriver à Ian Curtis. Mais il ne s’agit pas que de cela. L’intérêt de l’ouvrage tient dans l’évocation directe, par ceux qui étaient aux premières loges, de trois éléments essentiels à la compréhension de la musique de Joy Division : le contexte historique (l’Angleterre de la fin des années 70), le contexte topographique (le Nord de l’Angleterre et Manchester) et le contexte musical (l’immédiat post-punk).
Ce qui frappe avant tout, c’est l’extrême brièveté de l’affaire (3 ans à peine) et la rapidité avec laquelle le groupe est passé du statut de formation locale dont tout le monde se fout à celui de plus grand groupe anglais (ce que 40 ans après on a du mal à mesurer, le suicide du chanteur ayant tendance à occulter la musique).
Et ce avec un seul album (Closer étant sorti « post-mortem »), et sans l’appui d’une maison de disque. Alors oui, il y avait bien Tony Wilson, Alan Erasmus et Factory Records, mais vu l’amateurisme revendiqué et le credo Do-It-Yourself érigé en vertu cardinale, on était loin d’être chez Warner.
C’est d’ailleurs l’autre élément frappant qui ressort de la lecture : l’amateurisme absolu de la chose, le truc « pour la beauté du geste », qui deviendra la marque de fabrique du label de Tony Wilson. L’idée qu’on peut faire « sans » : sans signer sur une major, sans donner d’interviews à ces types condescendants de Londres, sans même…réfléchir. Parce qu’après tout, le Rock’n’Roll, c’est ca. Un truc idiot de gamins.
A tel point que personne ne se dira « il est épileptique, il devrait être hospitalisé ». Personne ne se dira « les textes qu’il écrit sont d’une teneur carrément morbide pour un gamin de 20 ans ». Personne ne se dira « ce concert on ne devrait pas y aller, il à déjà fait plusieurs crises sur scène ». A 20 ans on se dit (et apparemment Ian Curtis aussi) : tant pis, on le sait, mais on fait avec. Et c’est aussi exactement ce que se sont dit Bernard Sumner, Peter Hook et Stephen Morris.
Et c’est exactement ce qu’ils regrettent.
Infiniment.