LE DIABLE EST BLANC

Le titre de l’édition française : Mon frère Robert Johnson

Le titre de l’édition originale : Brother Robert

La date de parution : 2020 (Edition française : 2021 / Traduction : Nicolas Guichard)

L’éditeur français: Rivages Rouge

Le genre : Témoin de l’Histoire

L’auteur : Anny C. Anderson

C’est qui ?: La demi-sœur de Robert Johnson

Ce qu’on en pense:

De la vie de Robert Johnson, on ne sait pratiquement rien. A part ce qu’ont pu en dire les musiciens qui l’ont croisé. Notamment Son House, qui lui aurait dit : «Mon p’tit gars, arrête la guitare, tu joues comme un naze. Essaie plutôt l’harmonica »… avant de le revoir deux ans plus tard, sans harmonica, mais jouant de la guitare comme un dingue. 

De là découle toute l’histoire orale du bric-à-brac vaudou : pause-pipi au carrefour, grand type en manteau noir qui lui accorde sa guitare et méga-classe instantanée pour le petit Robert. Bon. Il l’a surement inventé pour se la jouer, ou alors on a confondu avec Tommy Johnson, un autre bluesman qui racontait partout qu’il avait vendu son âme au diable. On s’en fout un peu, faut bien se faire de la pub quand est musicien et c’est le résultat qui compte : Robert Johnson jouait de la guitare comme personne, dans un style très personnel et plutôt compliqué techniquement (on le sait, on a essayé). Puis il est mort, à même pas trente ans, on ne sait pas trop comment non plus (empoisonné par un mari jaloux, selon Sonny Boy Williamson, ce que l’auteure de ce livre semble confirmer). 

L’intérêt du récit d’Anny C.Anderson vient de sa provenance depuis l’autre versant de la vie de Robert Johnson, le versant domestique (et non pas de musiciens un peu alcoolos sur les bords et usés jusqu’à la corde par le chittlin-circuit). Mme Anderson est la demi-sœur de Johnson et elle raconte le souvenir qu’elle garde du musicien, qui lui jouait « Sweet Home Chicago » dans le salon pour la faire danser (rien que d’imaginer la scène, on en a des palpitations…). En douce bien sur, la mère adoptive de Robert ne voulant pas entendre parler de musique profane.

A la lecture du récit, c’est un tout autre portrait du bluesman qui apparait, à cent lieues du fatras habituel le décrivant comme un clodo alcoolique hantant le sud des Etats-Unis et sautant de train en train. Un Robert Johnson qui, apprends t’on, avait même un répertoire follk dans sa musette et qu’il interprétait régulièrement lors de ses prestations. On donnerait bien un bras pour l’entendre jouer « John Henry ».

Dans le deuxième partie du livre, Anny C.Anderson raconte comment la mère adoptive de Johnson s’est fait truander par un certain Steve LaVere qui, sous prétexte d’écrire un livre sur son fils adoptif, lui à « emprunté » la fameuse photo où le musicien figure en costard et chapeau et qui orne la quasi totalité des rééditions de l’artiste. Non content de s’être attribué frauduleusement le copyright d’une des photos les plus emblématique de l’histoire de la musique populaire du XXème siècle, ce voyou a aussi monté une société d’édition et démarché les maisons de disques pour récupérer les droits d’auteurs dus par les jeunots anglais ayant fait des reprises (Stones, Led Zeppelin, Clapton, etc…). Pas mal de pognon on imagine, que la famille de Johnson n’a bien sur jamais perçu. Pire encore, l’auteure raconte amèrement ses démarches auprès d’avocats (tous blancs) qui n’ont jamais fait le nécessaire et n’ont eu qu’un dédain raciste envers la mère de Johnson. 

Après sa mort, la famille de Robert Johnson a mis sa guitare au clou à Memphis et, faute de moyen, ne l’a jamais récupérée. Si ça se trouve, un gamin de 14 ans apprenant la guitare est en ce moment même en train de massacrer l’intro de « Stairway to heaven » sur une vieille guitare qu’il a récupéré chez son pépé… 

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