
Le titre : From Elvis In Nashville
L’artiste : Elvis Presley
Le format : 33T/2×30 cm.
La date de sortie : 2020
Le genre : Pour les vieux cons.
C’est qui ?: …
Qui joue dessus ?: Elvis Aaron Presley, James Burton, Eddie Hinton, Chip Young, Norbert Putnam, Jerry Carrigan, David Briggs (oui, celui de Neil Young), Charlie McCoy, Charlie Hodge
Comment ca sonne ? : Super pro, mais super cool.
Si c’est une réédition ou un vieux machin, est-ce que ça a bien vieilli ?:
Apparemment, même pas remasterisé. Pas besoin, sonne nickel.
Ce qu’on en pense:
Elvis Presley, c’est un peu comme le monolithe de « 2001, l’odyssée de l’espace ». Apparu soudainement, ne ressemblant à rien d’autre, venu d’ailleurs et faisant un bruit bizarre. Et comme dans le roman d’Arthur C.Clarke, les homo-sapiens n’ont plus jamais vraiment été les mêmes à son contact.
Mis au rancart musicalement par les groupes de la british-invasion pendant les années 60, Elvis a pourtant pu revenir sur le devant de la scène en 1968, à l’occasion d’une émission de télé taillée sur mesure, le fameux « Comeback Special ». Tout en cuir, affuté comme jamais et accompagné de son groupe historique du studio Sun, l’ancien camionneur à alors prouvé au monde entier qu’il pouvait encore faire trembler les murs. De nouveau en pleine patate, il a commencé à rechigner à enchainer navets sur navets à Hollywood, pour revenir à la musique et reformer un groupe. Résultat : le merveilleux « From Elvis in Memphis », sorti en 1969. L’affaire était pliée, le gominé était de retour.
En 1970, rebelote, mais cette fois a Nashville, suite à une engueulade avec son producteur (pour le détail, lire l’immense biographie que lui a consacré Peter Guralnick). Sur place, il convoque la section rythmique du studio Muscle Shoals (qui du coup, même si elle assure grave, s’est mise à flipper sévère) et c’est parti mon kiki pour une session marathon de six nuits. RCA en tirera trois albums, mais en y ajoutant chœurs, violons sirupeux et tout le tralala qui fait que les enregistrements d’Elvis des années 70 sont pénibles. Ce disque rassemble les prises initiales, sans arrangements (pas toutes, si vous êtes un fan congénital il existe une édition en 4 CD regroupant l’intégralité).
Le résultat est d’une qualité hallucinante et Presley y chante comme personne. Ce qui donne la mesure de l’immense gâchis que constitue la fin sa carrière, sabotée par le management du Colonel Parker. Un sagouin nocif à tel point que, dans le métier, plus personne ne voulait écrire pour Elvis, sachant d’avance qu’il se ferait entuber (un comble…).
C’est ce qui distingue malheureusement « From Elvis in Nashville » de « From Elvis in Memphis » : la qualité du répertoire, en deça de celui des sessions de Memphis. Cela se sent d’ailleurs à l’écoute, les reprises étant meilleures que les morceaux originaux. Reste l’interprétation, hallucinante de qualité (aussi bien de la part du chanteur que du groupe), comme par exemple sur cette version de « Got my mojo workin’ » où l’on sent littéralement le groupe décoller du sol. Et nous avec lui.