
Le titre : Tostaky
L’artiste : Noir Désir
Le format : 33T/30 cm.
La date de sortie : 1992
Le genre : Fan du Gun Club
C’est qui ?: Le plus grand groupe de rock français
Qui joue dessus ?: Bertrand Cantat, Serge Teyssot-Gay, Frederic Vidalenc, Denis Barthe
Comment ca sonne ? : Comme un groupe de rock
Qualité du pressage :
Bof. Pas de dynamique. Réalisé à partir du master original de 1992, celui du CD donc, ce qui jette immédiatement un doute puisqu’ apparemment il n’y a pas eu de mastering spécifique à l’édition vinyle. Merci Barclay…
Réédition de 2012 – Barclay – Pressage EU
Ce qu’on en pense :
Selon John Lennon, « le rock français, c’est comme le vin anglais ». Pas sympa comme formule, mais pas vraiment faux non plus. Effectivement, si vous êtes français et admirez, on ne sait pas… au hasard…les New York Dolls, au point de vous dire « c’est trop cool, je vais faire pareil avec mes potes ! » (comme se l’ont dit des milliers de gamins à travers le monde), vous allez sentir votre douleur si vous êtes né à Vierzon.
Pour les français, faire « groupe de rock » c’est la galère ultime. Les américains ont eu Elvis, la France Brigitte Bardot. Deux véhicules transgressifs, d’une force équivalente, sauf qu’il n’y en à qu’un qui sert à faire de la musique.
En France, pas de tradition musicale populaire. Pas d’instruments de musique trainant dans les familles. Pas de pépé bourré qui se met au piano à la fin du repas pour faire chanter tout le monde. A la place, des livres, Hugo, Zola. Ça va pas le faire.
Surtout que si on essaie quand même, se pose immédiatement le problème de la langue. Chanter en Anglais ? OK, mais alors avec un accent impeccable, ce qui risque de vous propulser direct au bord du précipice si vous avez glandé en cours d’anglais. Chanter en Français ? Ok, mais là va falloir assurer et montrer que si, à la place d’un piano il y avait chez vous le Lagarde & Michard ou « La légende des Siècles », ce n’était pas pour rien. Sans parler de l’ombre de Brassens, Barbara ou Brel qui viendra planer sur vos épaules.
Un des rares groupe français à avoir réussi dans ce registre, c’est Noir Désir. Un peu comme l’exception qui confirme la règle, pour les raisons suivantes :
- des textes excellents, en langue natale, qui « sonnent » comme peuvent sonner ceux en anglais, tout en évoquant le meilleur de la littérature française. Exemple, entre autres : Agenda donnez moi de vos dates à damner ou J’ai la nausée quand je reste assis, si je suis couché je ne joint pas les « debouts » .
- la capacité à écrire de grandes chansons
- un format simple guitare/basse/batterie/distorsion/volume sonore/on n’est pas là pour rigoler/ qui fait que, quand même, on est un groupe de rock
- un grand guitariste, Serge Teyssot-Gay
- des prestations scéniques à la hauteur de l’intensité de la musique
- le meilleur nom de groupe qui soit
C’est ce qui a fait la force de « Tostaky », disque qui à montré à sa sortie que, peut-être, on pouvait faire du Rock’n’Roll à Bordeaux, en étant un groupe à part entière. (Vous me direz : « Oui mais et les Thugs alors ? Ben les Thugs, même s’ils ont été signés chez Sub Pop (la classe quand même), n’ont jamais eu la singularité de Noir Désir, étant frappés du syndrome : « Ah oui c’est pas mal, mais on dirait untel en moins bien ». En étant méchant, on pourrait même dire que leur musique évoque immédiatement celle de Hüsker Dü et donne juste envie d’écouter Bob Mould. Un syndrome inhérent à la quasi-totalité des groupes français, sauf Noir Désir).
Par la suite, Noir Désir sortira un album encore meilleur, « 66667 Club », pour finalement s’éloigner du format groupe de rock pur et dur avec « Des visages, des figures », véritable accomplissement de ce que peut produire un groupe français s’éloignant des clichés rock’n’roll (un de leur principal défaut, principalement du à la tête de con qu’est Bertrand Cantat) et affranchi des influences anglo-saxonnes, augurant du meilleur à venir.
Tout cela avant l’infamie.
On ne saluera jamais assez le courage de Serge Teyssot-Gay, qui a eu la décence de mettre un terme au groupe, évitant d’ajouter la honte à la tristesse.