
Le titre : Here’s Little Richard
L’artiste : Little Richard
Le format : 33T/30 cm.
La date de sortie : 1957
Le genre : Bastringue sublime
C’est qui ?: La peau de pêche de Georgie
Qui joue dessus ?: Little Richard et un groupe non crédité
Comment ca sonne ? : Comme le cauchemar des fachos
Qualité du pressage :
Excellentissime.
Specialty – Réedition de 2012 – Pressage US
Ce qu’on en pense :
Little Richard, cauchemar ambulant de tous les connards. Uniquement par nature.
Petit rappel rapide de sa config :
- tout noir
- ouvertement efféminé
- fringué comme pas possible, avec maquillage et pompadour
- hurle comme un damné
- joue une musique de malpropre, bruyante et libidineuse
Tout cela dans la Georgie dans années 50, état du Ku Klux Klan. Avec le recul, on a du mal à y croire. Le Klan aussi, on imagine. S’il y avait eu une coupe du monde de la transgression, Little Richard l’aurait gagné tous les ans (jusqu’à ce qu’il flippe pour son âme et devienne révérend).
Sorti en 1957, en même temps que les disques déterminants de Chuck Berry, il était difficile d’écouter cet album dans de bonnes conditions. Pour les pressages originaux, laissez tomber. Pour les rééditions, c’est la jungle depuis que les droits d’édition sont tombés dans le domaine public et qu’on trouve un paquet de rééditions apparemment masterisées avec un Iphone. Jusqu’en 2012, ou Specialty, le label d’origine, a re-masterisé le disque pour cette édition, en mono, à partir des masters originaux.
Alors on pose le disque sur la platine, et au premier contact du sillon, on passe de « awopbopaloobop balam bam boo » à … « AWOPBOPALOOBOP BALAM BAM BOO »….les cheveux qui se dressent sur la tête…..les frissons partout….la gloire en mono. Avec l’impression d’écouter le disque pour la première fois. Exsangue à l’écoute de cette voix. LA voix. Pour l’éternité, celle du rock’n’roll. Un truc impossible, un type qui chante comme un fusil mitrailleur. L’équivalent vocal du graffiti de Woody Guthrie sur sa guitare(This machine kills fascists), que le bon dieu avait surement gravé en douce sur les cordes vocales de Little Richard. Sûr que personne n’a vérifié à l’autopsie.
Figurant sur ce disque, quasiment que des titres à tomber par terre (Tutti Frutti / Ready Teady / Long Tall Sally / Rip It Up / Jenny Jenny). Contrairement à son copain Berry, il n’y a pas de guitare, mais la voix et l’énergie font tout.
Cette voix qu’adorait imiter McCartney, quand il en avait encore (le pauvre, après tout c’est pas sa faute si à 80 balais il n’en a plus – faites attention il est fortement déconseillé de dire du mal de Paul McCartney, votre papa à tous). Cette voix que Paulo prenait pour « Helter Skelter » ou « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band» (Le morceau, pas l’album). La voix rock’n’roll des Beatles.
Car en effet, sans Little Richard, pas de Beatles, pas de Sgt Pepper, pas de Stones, pas de Stooges, pas de…….rien du tout, en fait.
PS : les gens capables de se dire à l’écoute de «Tutti Frutti », « Long Tall Sally » ou « Jenny Jenny » : « Ouais, ben ça m’en touche une sans bouger l’autre », en plus d’être vulgaires, devraient s’inquiéter pour leur âme.