
Le titre : The Modern Lovers
L’artiste : The Modern Lovers
Le format : 33T/30 cm.
La date de sortie : 1976
Le genre : Peinture rupestre proto-punk
C’est qui ?: Le groupe de Jonathan Richman
Qui joue dessus ?: Ernie Brooks, Jerry Harrison, Jonathan Richman, David Robinson
Comment ca sonne ? : Sans artifice
Qualité du pressage :
Excellentissime, une des meilleures rééditions récemment publiée.
BMG – Réedition de 2016 – Pressage EU
Ce qu’on en pense :
Ce disque c’est un truc bizarre, un peu comme Jonathan Richman, le chanteur et compositeur du groupe.
Originaire de Boston, Richman a semble t’il vécu une expérience traumatisante à l’écoute du Velvet Underground. En pleine épiphanie, et n’ayant peur de rien, même s’il était encore tout gamin à l’époque, il décida de se tirer à New-York, jouant seul dans les rues et tentant de s’incruster dans la clique de Warhol. Pour l’incruste on ne sait pas si cela a marché, et peut être a t’il compris rapidement – Richman est un type intelligent – que ce n’était qu’un ramassis de connards. Toutefois, et selon lui, il aurait vu le Velvet Underground sur scène plus d’une centaine de fois. Si c’est vrai, c’est quand même un putain de record, qui valait en soi le déplacement, en plus de l’obtention directe d’un doctorat en rock’n’roll.
De retour à Boston, remonté comme une pendule, Richman décide de former un groupe de rock, The Modern Lovers. Sans contrat et uniquement par le bouche à oreille, le groupe attirera l’attention de Danny Fields (futur manager des Ramones) et de la maison de disque A&M, à laquelle le groupe enverra des démos qui déboucheront sur l’enregistrement d’un premier album. Et quand on lui demanda : « Qui pour produire ? », Richman, de la manière la plus naturelle, répondit : « John Cale ». Pas con, fallait surtout pas dire Lou Reed.
Le groupe enregistra donc cet album en 1972 et, chose incroyable, la maison de disque ne l’a pas sorti. Il ne fut publié qu’en 1976, Warner jugeant le climat « plus propice » (bien que le groupe soit séparé depuis 1974…). Un climat plus propice, en clair, cela signifie : les New-York Dolls, les Ramones et le « punk » dans les tuyaux. Alors certes, c’est un album largement inspiré par le Velvet Underground mais on se demande bien ce qui se serait passé s’il était sorti en 72 tellement il est bon. Le premier disque punk avant tout le monde ? On ne saura jamais et de toute façon Richman s’en fout. Avec son coté direct qui confine à la naïveté, on dirait une sorte de Oui-Oui du rock, et c’est ce qui en fait sa qualité. Comme une espèce de Lou Reed inversé, sans la toxicité. Il adore la banlieue, le « vieux monde », les voitures, tout en ignorant qu’il écrit l’histoire avec son groupe.
Reste donc cet album excellent, à l’impact direct et presque enfantin, sans la pose New-Yorkaise. Celui d’un type qui veut juste monter un groupe de rock et jouer sa musique, comme l’illustre le texte de « Roadrunner », l’immense premier morceau du disque : l’histoire d’un gars qui va faire de la voiture toute la nuit parce qu’il trouve le Massachussets formidable, la radio allumée, juste parce que c’est cool. La même radio qu’écoute la petite Jenny, la fille du « Rock’n’roll » du Velvet. Vous ne vous en souvenez plus ? Mais si, c’est le morceau où une gamine qui s’emmerde à mort allume un beau matin la radio (« a New York station ») et là (on résumé vite fait) elle n’arrive pas à croire ce qu’elle entend, elle commence danser au son de la musique, et tout change, et comme le chante Lou Reed : «you know, her life was saved by Rock’n’Roll ».
Ce n’est pas pour rien que les Sex Pistols, alors encore infoutus d’écrire leurs propres morceaux, reprenaient « Roadrunner » lors de leurs premiers concerts.