
Le Titre : Big Beat From Badsville
L’artiste : The Cramps
Le format : 33T/30 cm
La date de sortie : 1997
Le genre : Sous-genre
C’est qui ?: Le groupe préféré de Jon Spencer
Qui joue dessus ?: Lux Interior, Poison Ivy, Slim Chance, Harry Drumdini
Comment ca sonne ? : Sauvage
Qualité du pressage :
Excellente.
Epitath – Pressage original de 1997 – Pressage US
Ce qu’on en pense :
Chez les Cramps, et selon la formule consacrée dans les Combrailles avant d’attaquer un bon tripou : « Y’a tout qui va bien ! ». Le nom du groupe (Les Ragnoutes), le nom du label (Epitaph – trop cool), le pseudo des protagonistes (Lux Interior et Poison Ivy – ouahou !), l’esthétique des pochettes (super grave) et même les costumes (pour ça on vous laisse aller vérifier sur Youtube – ou faire appel a vos souvenirs pour certains).
Digression 01:
A ce sujet, il y a un gros problème avec la pochette de ce disque dans sa version dématérialisée. En consultant Itunes Music, on vient de s’apercevoir que ce n’est pas la bonne qui est publiée (pas vérifié sur Spotify). C’est quasiment la même, mais c’est une version différente. Avec une pose différente de l’originale, qu’on imagine censurée et trop suggestive pour Internet , ou la charte à la con d’Apple sur les contenus qui défrise les curetons. C’est comme si Grasset avait changé le titre du premier roman de Virginie Despentes pour finalement l’appeler « Embrasse-moua », sans lui demander son avis. Comme quoi ces plateformes c’est vraiment de la merde. Espérons que, si le paradis existe, Lux Interior soit au courant et fasse péter deux claques à Steve Jobs (pas sur qu’il y soit lui, mais bon…), lui hurlant ses propres paroles de son haleine toxique (« Do you want the real thing / Or you just talk ? » – Extrait de « Garbageman » – The Cramps « The Songs The Lord Taught Us » – Acte I – Scène III).
Sorti en 1997, ce disque des Cramps peut être qualifié de « tardif » dans leur discographie. C’est d’ailleurs leur avant-dernière publication, avant que le chanteur parte rejoindre Johnny Thunders aux Champs-Elysées des braves. A ce moment là, le groupe n’a plus rien à prouver, ce qui ne l’empêche pas de sortir un disque d’anthologie, sonnant comme un résumé magnifique de l’ensemble de leur production.
Bon déjà, la pochette. On sent qu’on va passer un bon moment. Au verso pareil, photo du chanteur en pleine descente avec un petit texte pour faire la retape du groupe, façon années 60, qui se termine par un « Proceed with Caution ». Tout en bas on remarque une petite note : «Play Loaded ». Oualalalalala, avant d’avoir écouté la moindre note, on n’en peut déjà plus, complètement frappé de coolitude déviante. On sort le disque. Pochette intérieure idem, avec les textes et des photos du groupe sur scène, en habit de lumière et bas résilles. Pose le disque sur la platine. Et là d’un coup….bienvenue à la maison : le cri primal plein d’écho, la grosse guitare garage de l’enfer, les hurlements de tarés dans le fond du mix, la batterie façon tribale, un petit larsen pour la forme. YEEEEEES !!!!
En effet, c’est peut être l’album des Cramps qui sonne le mieux, et qui donne immédiatement envie de monter le son. A s’en flinguer le cortex cérébral.
Digression 02:
Ce disque peut d’ailleurs servir de baromètre social. Si vous voulez savoir si vous êtes en bonne compagnie, passez le (sans oublier de montrer la pochette, bien sur – on vous fait confiance, vous l’avez en vinyle), mettez l’ampli à fond (ou pas, ça dépend un peu de l’âge de vos convives – passé 40 ans, ne dépassez pas 7, on sait jamais). Observez. Seuls ceux qui aiment vraiment le rock’n’roll resteront finir leur apéritif. Les autres connaissent déjà la sortie.
Alors les grincheux diront : « c’est quoi ce mec qui essaye de chanter comme Elvis ? ». Ce à quoi vous répondrez : « Oui…..mais en total cuir et avec des talons aiguilles ». En effet, les Cramps ne font que proposer une version toxique et dévoyée des premiers enregistrements pour Sun Records du gominé à sa maman, version « garaaaaaaage ». Avec un véritable sens de l’humour, élément omniprésent dans la production du groupe, chose que l’on ne perçoit pas forcement tout de suite, mais qu’on capte bien à l’écoute des certains textes, notamment sur le titre «Like a Bad Girl Should » (entre autres, sur cet album) et qui résume l’état d’esprit des musiciens:
I love your ass for bad or worse
I love your nasty way you curse
When you sit down it’s wild how you sit
Grind your heel in the ground…the groovy way you spit
Si c’est pas La Pléiade des graveleux ça, on sait pas ce que c’est…
Que la musique des Cramps soit une version électrique des premiers singles d’Elvis période Sun importe peu. Outre la musique, excellente, tonitruante et électrisante comme le genre l’exige, c’est aussi le propos qui compte. Celui d’une Amérique de la déviance, mais finalement pas très éloignée de celle de la vitrine (c’est juste qu’ils sont un peu crades et qu’ils aiment bien les martinets). L’expression du trauma des gens qui ne supportent pas les cheerleaders et les quarterbacks testostéronés. Celle des fans inconditionnels du rock’n’roll des origines et qui ont eu le talent de faire du mauvais goût une forme d’art, instaurant la noblesse des freaks.